BIO​
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Iga Vandenhove (France, 1989) est une artiste pluridisciplinaire et une autrice-réalisatrice de documentaire. Imprégnée par un héritage familial naviguant entre des origines polonaises, états-uniennes, pied-noir et flamandes, elle questionne nos manières d’être au monde en revisitant les paradigmes qui nous habitent et les rapports de domination qui s’exercent d’humain à humain et d’humain à plus qu’humain. Ses projets s’ancrent là où se jouent des phénomènes d’exploitation plus ou moins visibles ayant trait à la migration, l’écologie ou le féminisme. A ses oeuvres préexiste un travail de terrain indispensable où, cherchant à ressentir plutôt qu’à réfléchir, elle s’immerge physiquement dans des territoires et des biotopes éprouvants afin d’expérimenter des états de corps singuliers dans une recherche d’horizontalité et de connexion au(x) vivant(s). Pour en rendre compte, elle s’appuie sur la polysémie sonore et visuelle, les superpositions et les enchevêtrements, questionnant ainsi le rôle que jouent nos imaginaires dans l’appréhension de notre environnement et dans nos relations inter-subjectives. A travers ces associations improbables, elle propose d’élargir le spectre des possibles, voyant dans ces mises en lien une manière d’esquisser de nouvelles mythologies personnelles et collectives.
Dernièrement elle explore les résonances entre les mondes animal, technologique et humain, interrogeant l’impact de ces derniers dans les cycles écosystémiques contemporains tout autant que l’anthropisation des territoires. La tension entre les contextes urbains, ruraux et naturels et entre vivants l’amène à questionner la coprésence, l’interdépendance, l’originel et l’artificiel, l’espace liminal entre la fiction et le réel, les cycles écosystémiques, l’empreinte anthropique et les similitudes entre les systèmes de domination patriarcal et ceux de surexploitation de la nature.
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Plus en détail
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Après des études de graphisme, c’est au cours d’une formation en écriture et réalisation documentaire qu’elle réalise en 2015 son premier court-métrage, Les seigneurs, qui s’intéresse à l’attente d’adolescents migrants lors de la période d’instruction de leurs dossiers. Dans la continuité de ce documentaire, Les madeleines sonores (2016-2019), installation sonore née d’un travail avec de jeunes migrants, fait du médium sonore le vecteur d’expression d’une mémoire sensorielle, reliant prise de son et prise de parole. Curieuse de l’appropriation des moyens d’expression et d’une démocratisation culturelle active et activiste, elle réalise en 2020 pour la compagnie L'Île de la Tortue une série de podcasts autour des Clameuses, groupe de spectatrices de Clichy-sous-Bois autoproclamées critiques théâtrales. Iga Vandenhove travaille également à des projets de documentaires audiovisuels, dont Northern Avenue (en cours), tourné en Arménie, qui interroge la mémoire collective d’un lieu, en associant médium photographique et phonographique. Dans un autre projet, Echap, pièce sonore co-écrite avec Noémie Fargier et Vanessa Vudo, exclusivement réalisée à partir d'enregistrements de terrains captés de part le monde, navigue entre territoires réels et imaginaires, sondant les espaces de liberté possibles dans une société de plus en plus standardisée. Dans Les Voix du Madidi, une pièce sonore dans un parc naturel en Bolivie auprès de gardes-forestiers, il est question d'enchevêtrement des mondes animaux, humains et technologiques. Son film Peau de forêt en cours de réalisation en Amazonie bolivienne s'attache à comment l'extractivisme change le rapport des êtres humains aux autres vivants. La dernière création en date Héritage Erodé réalisée avec Isabel Judez est une installation plastique et sonore exposée dans les jardins d'Etretat qui, en représentant de manière cinétique la falaise d'aval par plus de 2500 morceaux de terrazzo marin, questionne la disparition des ressources naturelles utilisées et transformée par les humains.