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LA MONTAGNE, CA VOUS GAGNE !

Pièce sonore sur la montagne et la vallée de Chamonix : du lieu refuge au tourisme de masse - En cours

Note d'intention

L’hiver, un temps d’hibernation. Après le tohu-bohu printanier, le bouillonnement estival et le brame automnal vient le silence. Dans les vallées alpines, la neige, la glace et le froid congèlent les sons du vivant. Les conditions, rudes, invitent au repos. Pourtant, du fond des vallées, émergent de bien particulières sonorités.

 

Mécaniques, machinales, métalliques, elles emplissent la montagne en rebondissant sur ses parois. Des ressorts de la perche de téléski qui couinent à leur fracas quand elles s’entrechoquent, au roulement de poulie du télésiège en passant par le souffle des moteurs de télécabines, le vrombissement est omniprésent. Une jungle mécanique où perches et pylônes semblent être les pattes de gigantesques insectes-machines qui fonctionnent de concert et habitent l’espace sonore d’un bourdonnement continu.

 

Pour évoluer dans cet âpre terrain montagnard quand on est fait de chair et d’os, il faut s’équiper, devenir un humain “augmenté”. Les mises en garde des guides terminent de nous convaincre sur la dangerosité du milieu et notre courage (aveuglé d’adrénaline) à s’y mesurer au travers d’outils plus techniques les uns que les autres. L’approximation des éléments naturels et de la technologie n’est pas tendre,voir stridente. Le métal crisse sur la neige, le plastique grince. Là où tintent les crampons et les piolets au contact de la glace, il s’agit d’affronter l’hiver et d’en dompter les éléments. Engoncés dans des chaussures de ski rigides, les démarches se font robotiques, ponctuées du cliquetis des bâtons sur lesquels on s’appuie pour avancer. Au cœur de la montagne se joue une autre scène.

 

Dans un tunnel transfrontalier , le passage des camions avec klaxons et moteurs sonne Note d’intention comme une complainte qui s’étire le long des kilomètres. Est-ce un cri, estce un pleur ?

 

A cette typologie sonore aux relents industriels se mêle un brouhaha polyphonique de langues qui désoriente. How much ? Tres pasajes por favor. Spasiba. De l’anglais au russe en passant par l’indien, l’arabe, l’espagnol, l’allemand et bien d’autres… Où sommes-nous ? La montagne résonne singulièrement au contact d’une présence humaine cosmopolite et des activités qui s’y déploient. De la cascade de glace aux pistes de ski, des rues commerçantes aux cîmes, des auberges d’altitude bondées aux files d’attente interminables du téléphérique, si la globalisation était un lieu, ce pourrait être là. N’ayez crainte, à ce qu’il paraît, la montagne, ça vous gagne !

 

C’est ainsi que, comme un pied-de-nez à ce slogan mythique de la fin des années 80, je suis allée voir à l’hiver 2023 ce qu’il restait de la montagne comme espace sauvage dans un lieu emblématique du tourisme alpin : la vallée de Chamonix. Ces espaces hauts-perchés, longtemps considérés comme inhospitaliers et inaccessibles sont devenus les lieux refuge d’une société pressée qui en a progressivement fait les bastions de nouvelles pratiques touristiques polarisées autour des sports d’hiver et d’été.

 

Dans un contexte où nombres de déséquilibres écosystémiques sont dus aux activités humaines y compris celles dites de “plaisir”, j’aimerais faire résonner dans cette pièce les différentes pratiques touristiques de la vallée de Chamonix et poser la question de l’exploitation humaine des espaces naturels, de l’anthropisation des territoires tout autant que celle de l’impact humain au travers de ses activités dans un environnement donné

Remerciements : Emilie, Louis (guide), Bruno (client), Emilie (Guide)

TOURNAGE

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